Le vicomte de Bragelonne III by Alexandre Dumas

Le vicomte de Bragelonne III by Alexandre Dumas

Auteur:Alexandre Dumas
Format: epub


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L’inquiétude du roi

Laissons la pauvre La Vallière à moitié évanouie entre ses deux compagnes, et revenons aux environs du chêne royal.

Les trois jeunes filles n’avaient pas fait vingt pas en fuyant, que le bruit qui les avait si fort épouvantées redoubla dans le feuillage.

La forme, se dessinant plus distincte en écartant les branches du massif, apparut sur la lisière du bois, et, voyant la place vide, partit d’un éclat de rire.

Il est inutile de dire que cette forme était celle d’un jeune et beau gentilhomme, lequel incontinent fit signe à un autre qui parut à son tour.

– Eh bien ! sire, dit la seconde forme en s’avançant avec timidité, est-ce que Votre Majesté aurait fait fuir nos jeunes amoureuses ?

– Eh ! mon Dieu, oui, dit le roi ; tu peux te montrer en toute liberté, Saint-Aignan.

– Mais, sire, prenez garde, vous serez reconnu.

– Puisque je te dis qu’elles ont fui.

– Voilà une rencontre heureuse, sire, et, si j’osais donner un conseil à Votre Majesté, nous devrions les poursuivre.

– Elles sont loin.

– Bah ! elles se laisseraient facilement rejoindre, surtout si elles savent quels sont ceux qui les poursuivent.

– Comment cela, monsieur le fat ?

– Dame ! il y en a une qui me trouve de son goût, et l’autre qui vous a comparé au soleil.

– Raison de plus pour que nous demeurions cachés, Saint-Aignan. Le soleil ne se montre pas la nuit.

– Par ma foi ! sire, Votre Majesté n’est pas curieuse. À sa place, moi, je voudrais connaître quelles sont les deux nymphes, les deux dryades, les deux hamadryades qui ont si bonne opinion de nous.

– Oh ! je les reconnaîtrai bien sans courir après elles, je t’en réponds.

– Et comment cela ?

– Parbleu ! à la voix. Elles sont de la cour ; et celle qui parlait de moi avait une voix charmante.

– Ah ! voilà Votre Majesté qui se laisse influencer par la flatterie.

– On ne dira pas que c’est le moyen que tu emploies, toi.

– Oh ! pardon, sire, je suis un niais.

– Voyons, viens, et cherchons où je t’ai dit...

– Et cette passion dont vous m’aviez fait confidence, sire, est-elle donc déjà oubliée ?

– Oh ! par exemple, non. Comment veux-tu qu’on oublie des yeux comme ceux de Mlle de La Vallière ?

– Oh ! l’autre a une si charmante voix !

– Laquelle ?

– Celle qui aime le soleil.

– Monsieur de Saint-Aignan !

– Pardon, sire.

– D’ailleurs, je ne suis pas fâché que tu croies que j’aime autant les douces voix que les beaux yeux. Je te connais, tu es un affreux bavard, et demain je paierai la confiance que j’ai eue en toi.

– Comment cela ?

– Je dis que demain tout le monde saura que j’ai des idées sur cette petite La Vallière ; mais, prends garde, Saint-Aignan, je n’ai confié mon secret qu’à toi, et, si une seule personne m’en parle, je saurai qui a trahi mon secret.

– Oh ! quelle chaleur, sire !

– Non, mais, tu comprends, je ne veux pas compromettre cette pauvre fille.



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